Connaissez-vous l’ostéopathie pour animaux ? Qui aurait pensé que cette discipline, déjà nouvelle pour l’homme allait s’appliquer aux animaux ?
Comme pour les humains, l’ostéopathie animale est une ré-harmonisation globale des structures et tissus de l’animal. Elle a pour but de l’aider à retrouver toute sa mobilité en le prenant en compte dans sa globalité, ainsi que de prévenir et traiter des troubles fonctionnels du corps de l’animal. « C’est quasiment la même chose que l’ostéopathie humaine à la différence que les animaux ne parlent pas. Il faut donc beaucoup les observer (démarche, comportement, réaction, caractère…) et les « écouter » avec nos mains. »
Manon exerce ce métier à Saint-Barth depuis novembre 2020, tout de suite après avoir été diplômée.
Ce n’est pas un métier choisi par hasard. Cette toute jeune femme de 25 ans adore les animaux depuis toute petite où elle n’a cessé d’être entourée d’animaux de toutes sortes : chiens, chats, chevaux, lapins, tortues, oiseaux….. « Le contact avec les animaux m’a toujours passionné. J’ai grandi entourée de mes petits compagnons et ai toujours adoré leur sensibilité. J’avais un certain feeling avec eux ».
Manon découvre cette discipline avec son poney qui boite. « Malgré tous les examens des vétérinaires, des radios/échos, on ne trouvait pas le problème et l’ostéo a beaucoup aidé ». Manon a été séduite par l’écoute, la douceur des gestes et l’efficacité du traitement.
« J’ai tout de suite accroché. Je voulais travailler avec les animaux, les soigner, mais je ne supportais pas le sang et les interventions chirurgicales que doivent faire les vétérinaires. Je suis quelqu’un de très sensible et je n’aurais pas été capable de pratiquer l’euthanasie même si certaines fois c’est la meilleure solution pour eux. Quand j’ai rencontré l’ostéopathie pour animaux, j’ai su que ce métier était pour moi ».
Après avoir grandi à Saint-Barth puis dans le sud de la France, Manon commence sa formation à l’ESAO (European School of Animal Osteopathy), aussitôt après son bac technologique à Toulon.
Elle revient s’installer à Saint-Barthélemy son diplôme en poche, s’inscrit à l’examen d’aptitude du Conseil de l’Ordre National des Vétérinaires (CNOV).
Installée à Colombier, elle est agréablement surprise par le bon accueil qui lui est fait. Et par l’engouement pour sa discipline. Elle travaille en étroite collaboration avec les vétérinaires de l’île, mais aussi de Saint-Martin, où elle fait des consultations tous les mois dans une animalerie.
Le protocole de soins est bien établi : elle observe l’animal, ses déplacements, ses réactions. Avant toute chose, elle demande à l’animal si elle peut le toucher. « Contrairement aux humains, les animaux ne prennent pas la décision d’avoir leur séance à un instant précis, c’est pour cela que je leur demande systématiquement l’autorisation de les toucher. La plupart des propriétaires me répondent « ne vous inquiétez pas il est gentil ». Mais même le chien le plus gentil du monde peut ne pas avoir envie que je le touche. Lorsque la réponse est positive je commence la séance mais lorsqu’elle est négative je préfère prendre la décision de partir et de recommencer une autre fois. Si l’animal n’est pas coopératif, la séance ne servirait à rien et surtout le résultat sera moindre ».
Une fois l’autorisation donnée, Manon entame la phase de palpations, la phase de tests puis de manipulations douces. « Chaque séance est unique, je me laisse guider par les tissus de l’animal afin de libérer les zones en souffrance et permettre au corps de s’autoguérir. On s’occupe de tout : les os, viscéral, l’émotionnel avec différentes techniques de manipulations tissulaires, structurelles, faciales, crâniennes ainsi que énergétiques. C’est une discipline très complète, que l’on exerce grâce à la connexion établie avec l’animal. Ce qui me plaît le plus dans l’ostéopathie : son approche holistique qui prend en compte le corps physique, émotionnel et énergétique ».
Mais attention, une séance d’ostéopathie ne remplace en aucun cas une consultation chez votre vétérinaire si votre animal en a besoin.
Les effets sur les animaux peuvent être très voyants comme très subtils. « Par exemple un chien qui n’arrivait pas à se gratter les oreilles avec ses membres postérieurs, immédiatement après la séance, a réussi à le faire. Un autre exemple, un chien qui ne se laissait pas toucher la tête au point de devenir agressif, une fois la séance terminée on pouvait lui caresser la tête sans aucune réaction de sa part. Certaines fois les effets de la séance peuvent prendre plus de temps (on peut les observer plusieurs jours après la séance). Par exemple un poulain que je soignais en France avait de grosses tensions au niveau du garrot comme s’il avait fait une chute sur le dos. On voyait très clairement qu’il avait un retard de croissance par rapport aux autres. Les effets n’ont pas été très flagrants mais 1 mois après on voit réellement la différence. Il s’est très bien développé et il aura besoin d’une seconde séance pour vérifier si tout est ok et qu’il puisse continuer à grandir de la meilleure des façons »
Une vraie passion. Manon exerce bénévolement auprès de l’ATE et s’occupe de la faune de Saint-Barth. « Il n’y a pas que les chats et les chiens, dit-elle en riant. Je soigne aussi les iguanes, les tortues ou les oiseaux blessés. »
Ses projets : continuer de se développer pour faire du bien à nos petits et grands compagnons.
©Photos Archives personnelles Manon Turbé
« Keep it pure boys, keep it pure. »
A.T. Still
ANDREW TAYLOR STILL, le fondateur d’Ostéopathie pour animaux
Andrew Taylor Still né en 1828, fils de médecin. Il souhaite élaborer une nouvelle approche médicale respectant les lois de la nature et de la vie qui deviendra l’ostéopathie. Il s’est inspiré de l’homéopathie, déjà existante, et de la mécanique. Au cours de ses recherches, il découvre des signes de plus en plus évidents que de nombreuses maladies sont causées par des pertes de mobilité d’articulations, de muscles, mais aussi d’organes et d’autres tissus et que le fait de pallier ces pertes de mobilité conduit à la guérison.
Il fonde en 1892 son école : l’American School of Osteopathy à Kirkville.
Le traitement ostéopathique crée par Andrew Taylor Still repose sur le principe que seul un être vivant dont les parties disposent d’une entière liberté du point de vue physiologique peut conserver un organisme opérationnel et en bonne santé.
Il est convaincu que lorsque toutes les parties du corps humain sont en ordre, nous avons la santé. Quand elles ne le sont pas, c’est la maladie. Le travail de l’ostéopathe est de rétablir une situation normale dans l’organisme à partir d’une situation anormale : il en résultera la santé.
L’ostéopathie appliquée sur les chevaux viendra dans les années 70 grâce au Docteur Dominique Giniaux. Aujourd’hui, l’ostéopathie est présente dans toutes les disciplines équestres. Elle est également de plus en plus demandée dans le milieu canin.