Directeur de l’ATE et Conservateur de la Réserve Naturelle depuis 2018, Sebastien Gréaux s’est toujours consacré professionnellement à l’environnement.
Après un master 2 en Cartographie et Bio production des écosystèmes marins à l’Université de Nantes, Sébastien travaille à l’IFREMER en Martinique pendant 4 ans, puis rejoint St Barth quand le poste de chargé de mission des milieux marins à l’ATE est crée, en décembre 2013. Il s’engage aussitôt pour la défense de son île natale, dont les problématiques environnementales sont de plus en plus importantes et au cœur de son développement économique.
L’Agence territoriale de l’environnement, créée en 2013, reprend notamment l’ensemble des missions de l’association GRENAT, dont la gestion de la Réserve naturelle ; Mais l’ATE se voit également confier de nouvelles missions qui touchent tous les secteurs de l’environnement :
Bien sur la préservation des écosystèmes la Faune et la Flore de St Barth, sur terre, comme sur mer, « Nous assurons la réglementation de la faune et de la flore protégée et nous donnons des avis sur les demandes de défrichement. Pour ce faire, Nous recensons les espèces présentes sur les terrains pour lesquels la Collectivité nous sollicite. Nous émettons un avis pour permettre aux élus de prendre leur décision en ayant une bonne vision des espèces présentes, de leur statut de protection ou de leur état de répartition et des impacts éventuels que pourraient générer certains projets.»
L’ATE assure aussi la surveillance de La Réserve Naturelle, qui protège des environnements sous-marins essentiels et enrichit les zones adjacentes. L’ATE intervient aussi sur la réglementation de la pêche, et de nombreuses actions de communication, de sensibilisation et d’éducation à l’environnement sont mises en œuvre à destination du public.
« Pour mener à bien ces missions, j’ai la chance d’être entouré par une équipe remarquable, engagée et très compétente. 7 collaborateurs investis chacun dans des domaines spécifiques œuvrent sur ces domaines ».
Au-delà de ces missions, Sébastien Gréaux nous alerte sur les 2 risques majeurs auxquels st Barth est confronté et sur les 2 principaux enjeux qui s’imposent.
Tout d’abord, la problématique de la prolifération des chèvres. Les chèvres sont de plus en plus nombreuses et chacune d’elle se nourrit de 20kg de végétaux par jour. Ceci entraine inévitablement un désertification des zones naturelles et la perte de plantes rares ou protégées, entrainant une forte érosion de la diversité de la flore. Ceci a pour conséquence, outre la disparition d’espèces, que lors des épisodes pluvieux, la terre n’est plus retenue et va à la mer, entrainant la création de boue et la dégradation des fonds marins. Cette prolifération de chèvre est donc un véritable fléau pour l’île. En 4 ans 3500 chèvres ont été capturées sur l’île mais elles restent extrêmement nombreuses dans certaines zones.
La 2e menace concerne la prolifération des chats errants, une des espèces les plus invasives au monde. De plus en plus de chats sont abandonnés, et leur prolifération est renforcée par notre climat tropical.
Cette prolifération augmente l’insalubrité des quartiers envahis par ces chats errants. Elle entraine aussi disparition d’espèces animales sensibles comme les oiseaux ou les reptiles , et notamment la couleuvre endémique qui n’existe plus que à St Barth et à Anguilla. Cette espèce est fortement menacée. Il en est de même pour d’autres reptiles comme le scinque, petit lézard encore appelé couleuvre batarde ou encore les jeunes iguanes.
La collectivité a mis en place depuis 2012 un service de stérilisation gratuit des chats. S’Ils étaient 200 à en bénéficier en 2012, ils sont aujourd’hui plus de 600 . Mais cette mesure s’avère insuffisante, et d’autres pistes sont envisagées, comme la création d’un refuge qui permettra de garder les animaux errants en sécurité, de les pucer, et de les envoyer en Métropole pour l’adoption.
Outre ces 2 menaces, un double enjeu s’impose aux autorités de St Barth :
D’abord la mise en place de zones terrestres protégées. Il s’agit aujourd’hui de mettre en place des règles pour la préservation du milieu terrestre, de façon à pouvoir agir sur les terres sans dépendre de l’accord des propriétaires. Que ce soit pour le retrait des chèvres, des chats ou pour lutter contre les actions de défrichement, ou pour réaliser des actions de replantation.
Ensuite le 2nd enjeu est d’avoir une meilleure gestion qualitative et quantitative de l’eau pluviale et de l’assainissement. Il s’agit de mettre en place un schéma directeur visant à limiter au maximum l’arrivée dans les baies d’eau chargée en matières organiques et polluants et à mettre en place des ouvrages et règles dans le but d’améliorer la qualité de l’eau qui arrive en mer depuis la terre.
Compte tenu de l’évolution du nombre de constructions, de voitures et de visiteurs, il s’agit aujourd’hui de s’interroger sur la capacité de charge de l’île dans sa globalité. Combien de personnes l’île est-elle susceptible de supporter sans que l’environnement en pâtisse de façon irrémédiable ? Comment assurer l’accueil des touristes mais aussi le maintien de la diversité de notre faune et la flore ? Quel nombre et quelle taille de navire peuvent accueillir nos baies sans que l’herbier ou le récif soient mis à mal?
« La réflexion doit être menée par toutes les entités responsables de ces sujets, mais aussi par chacun. On se plaint tous qu’il y a trop de constructions, trop de voitures ou qu’elles roulent trop vite mais nous avons tous une part de responsabilité et un volant entre les mains. Ils y a bien sur des décisions politiques à prendre et des projets à mettre en place mais ces décisions et projets pourront difficilement interdire aux gens de continuer à vouloir plus sur une île dont la superficie ne bouge pas. L’avantage d’être sur un petit territoire, est que l’impact d’une mesure ou d’une prise de conscience peut se voir très vite. »
« L’environnement est un sujet crucial pour l’avenir de notre île. Nous devons tous faire de l’environnement notre priorité »
A suivre et à soutenir urgemment.