J’ai passé un après midi captivant dans un coin de nature, en compagnie de Jean-Michel Vial qui m’a passionnément dévoilé les tenants et aboutissants de son entreprise. Il s’attelle ainsi à récolter les trésors du sol de St. Barth de manière à la fois responsable et durable.
Qu’est-ce que La Main Verte ?
La Main Verte est née d’un rêve audacieux : instaurer une entreprise dédiée à la culture et à la vente exclusive des plantes endémiques de St. Barth. Tirée de l’expression « avoir la main verte », celle-ci résonne comme un hommage à ceux qui possèdent un talent inné pour cultiver des plantes.
Quelle a été la source d’inspiration derrière La Main Verte ?
Établie en 2017, La Main Verte puise ses racines dans les séquelles laissées par l’ouragan Irma. Devant les jardins dévastés par les ravages de la tempête, l’envie m’est venue d’aider les gens à redonner vie à leurs espaces verts en puisant dans les richesses locales de l’île, plutôt que de dépendre des importations en provenance des États-Unis.
Pourriez-vous me relater brièvement le cheminement qui vous a conduit à la création de La Main Verte ?
Depuis mon plus jeune âge en France, ma passion pour le jardinage s’est épanouie. Cette fascination m’a conduit jusqu’à l’école d’horticulture, où j’ai exploré les différentes facettes liées aux arbres, aux plantes, aux fleurs, aux fruits et aux légumes. Mon apprentissage en tant que jardinier m’a offert le privilège de collaborer avec un mentor, détenteur d’un savoir-faire traditionnel transmis par ses ancêtres. Diplômé, j’ai ensuite embrassé la carrière de paysagiste, mettant en pratique ces méthodes ancestrales tout en perfectionnant mes compétences.
C’est lors d’une escapade à St. Barth en 1992 que l’île m’a envoûté. En 1995, peu après le passage
de l’ouragan Luis, j’ai pris la décision de m’installer ici. Fort de mon expérience, j’ai œuvré à la
restauration, la création et l’entretien des jardins. À cette époque, les jardiniers se faisaient rares sur l’île, mais nous faisions de notre mieux avec des équipements rudimentaires. Face
au coût exorbitant des plantes importées, l’idée de cultiver des espèces indigènes a germé en moi.
Mon but n’était pas de rivaliser directement avec les importations, mais plutôt d’encourager une autosuffisance pérenne. À l’ouverture de La Main Verte, je ne disposais ni d’électricité, ni de source d’eau ; l’énergie solaire et la collecte d’eau dans de vastes contenants étaient mes ressources. J’ai mis l’accent sur le recyclage : les bacs de plantation étaient confectionnés à partir de bois récupéré, de caisses en polystyrène et même de pneus.
Pourriez-vous dépeindre une journée typique à La Main Verte ?
La Main Verte ouvre ses portes de 8h à 17h30, mais mes journées s’étirent bien au-delà, de 6h30 jusqu’au crépuscule. Ma première tâche consiste à préparer la salade destinée aux hôtels, aux restaurants et aux clients en quête de nos légumes d’exception. Chaque feuille est cueillie avec minutie afin de garantir une qualité hors pair, et les clients ont même la possibilité de composer leur propre mélange de salade. Par la suite, je sème les graines pour assurer un approvisionnement régulier en nouvelles pousses. À partir de là, je pars en tournée dans la pépinière. Mon rôle se rapproche de celui d’un médecin à l’hôpital, prodiguant à chaque plante des soins personnalisés : rempotage, fertilisation, taille des branches, élimination des fleurs fanées et feuilles mortes, ainsi que protection contre les nuisibles et les maladies. L’arrosage de l’intégralité de la pépinière demande un investissement en temps considérable, environ 3 heures au total. Nous accueillons donc toujours avec gratitude la pluie qui vient nous épauler.
Pouvez-vous parler de votre implication auprès des écoles de l’île, pour le magazine Coccoloba ?
Mon parcours m’a conduit à un point où je souhaitais vraiment partager mon expérience, en particulier auprès des enfants que je considère comme les gardiens de l’avenir de notre planète. Il y a six ans, j’ai entamé un dialogue avec les écoles pour inviter des groupes d’enfants à La Main Verte, dans le but de les initier aux graines, aux plantes, au recyclage et au respect de l’équilibre naturel. Dès cette année, ce programme s’est également enraciné au cœur des établissements scolaires. Les enfants révèlent un enthousiasme et une énergie qui forcent l’admiration dans leur
quête d’apprentissage – ils assimilent les connaissances comme des éponges.
Quelles variétés de plantes vendez-vous ?
La Main Verte dévoile une palette de plantes indigènes, comprenant arbres fruitiers, palmiers, cactus, variétés ornementales et médicinales. À cela s’ajoute notre culture florissante de légumes à salade, qui remporte un vif succès. Chaque assortiment déploie une symphonie de saveurs, des feuilles de moutarde au basilic, de la coriandre aux épinards, de la roquette au wasabi, de l’ail… Par ailleurs, une nouvelle aventure a pris son envol avec notre production de miel, principalement issu des fleurs de gaïac, conférant une note de saveur unique.
Quelle est votre clientèle ?
Nous comptons parmi notre clientèle des restaurants, des hôtels, des chefs privés, des résidents locaux ainsi que des touristes. Les visiteurs sont souvent pris de surprise devant les possibilités de culture sur l’île. La Main Verte leur ouvre une perspective tout à fait singulière de St. Barth.
D’où proviennent vos graines et vos plantes ?
Durant les six dernières années, j’ai pris en main la croissance de mes propres plantes, à partir de graines et de boutures, venant ainsi compléter les acquisitions nécessaires. Mon aspiration ultime demeure l’atteinte d’une autosuffisance totale.
Avez-vous un message spécifique à adresser aux lecteurs de Coccoloba ?
De nombreuses personnes savent que j’ai dû affronter plusieurs défis au fil des dernières années. Toutefois, grâce à la bienveillance et au sincère soutien des autres, j’ai puisé la force et le courage nécessaires pour persévérer, pour comprendre que rien n’est irrémédiablement perdu et pour cultiver une lueur d’espoir envers l’avenir.