CO-FONDATEUR ET PRÉSIDENT DE ST-B’ART
PAR CLAIRE RICHER
Christian est une figure de l’île, bien connu pour son engagement de longue date dans les actions culturelles de l’île de Saint-Barthélemy. Généreux, altruiste, il aime les rencontres et le partage du beau.
Et son sens aigu de l’esthétique se retrouve dans toutes les activités culturelles qu’il anime sans frontières.
Il nous dévoile ici son parcours et ses convictions bien ancrées qui colorent et guident sa vision du monde.
Qu’est-ce qui vous a amené à Saint-Barthélemy :
Après un premier séjour en 1986, je suis revenu à Saint-Barthélemy en 1997 lors d’un 2ème voyage, en voilier avec ma famille, voir des amis. Résolument séduit par cette île magique, à l’époque, nous décidâmes finalement de ne pas repartir, souhaitant scolariser notre fille de 5 ans. Ce n’était pas du tout prévu que l’on s’arrête définitivement, nous devions poursuivre notre parcours dans le pacifique !
Peu de temps après notre arrivée, suite à une belle rencontre avec Serge Perez, écrivain, et Jean-Pierre Balagny, peintre, est née l’idée et l’envie de développer des activités culturelles à St Barth, qui existaient peu. Autour d’un verre à la Gamelle, nous avons décidé de créer l’association SAINT-B’ART.
Aviez-vous déjà une appétence pour les activités culturelles ?
Bien que soufflant déjà dans un saxophone à l’époque, je n’ai jamais baigné dans un monde culturel. Je suis issu de parents ouvriers avec 5 frères et sœur. Nous vivions à la campagne, sans accès facile à la culture. Ayant dû quitter l’école très tôt, j’ai été frustré par le manque de connaissances qui m’a incité à lire des milliers de livres de toutes sortes et à écouter les musiques les plus variées. Cela m’a donné une soif inextinguible de connaissances en général et dans le monde de la culture en particulier, soif qui ne se tarit toujours pas. J’ai toujours cette envie chevillée au corps, cette soif d’apprendre et de découvrir. Avec la maturité, j’ai eu l’envie de transmettre aux jeunes et aux moins jeunes cette passion et cette sensibilité pour le beau, que ce soit l’écriture, la musique, la peinture ou la nature.
Quelles sont les grandes actions de l’association ?
La première action de l’association a été d’organiser un concours de peinture suivi d’une vente des œuvres des peintres locaux dont le bénéfice devait permettre aux élèves de l’école de danse de Kim de partir en Métropole pour participer à un concours. Nous avons aussi aidé le Festival de Musique classique, dont la présidente était à l’époque Frances Debroff et dont la nouvelle présidente, Corinne Hennequin nous a offert une 40ème édition extraordinaire. En 2003, nous avons organisé des cours de français gratuits pour les Portugais qui arrivaient sur l’île, pour travailler dans le bâtiment. Nous étions soucieux de favoriser leur intégration et de permettre une meilleure communication entre les communautés. Aujourd’hui, plus de 20 nationalités bénéficient de ces cours gratuits.
En 2004, nous avons organisé le concours de nouvelles, réservé aux résidents. Concours qui a rencontré un beau succès et recueillis de belles histoires, ce qui nous a amené à l’étendre l’année suivante pour les jeunes plumes. Cette année, 82 enfants se sont inscrits, prouvant que la passion pour l’écriture transmise par les bénévoles de l’association Saint-B’ART porte les fruits de 20 ans de persévérance ! Je remercie sincèrement les professeurs des écoles de Saint-Barthélémy qui œuvrent bénévolement avec l’association ST-B’ART pour cette action culturelle avec un merci particulier à Leila Nazzal. Le festival de jazz a été créé en 2018, ayant réussi enfin à réunir les moyens et les bénévoles. Il y a eu tellement d’étoiles dans les yeux des spectateurs vivant le live et appréciant la proximité avec les musiciens exceptionnels, que nous avons décidé de poursuivre. Chaque festival est le résultat de belles rencontres, que nous faisons avec ma compagne Corinne, lors de nos voyages pendant lesquels nous allons à la rencontre des musiciens dans les clubs de jazz aux États-Unis ou en Europe. Du 17 mars au 7 avril 2024, la 7ème édition accueillera une trentaine d’invités qui se produiront dans 9 lieux différents.
Ce festival est aussi celui du Livre ?
Avec le festival du livre, nous espérons faire passer le message que les écrivains nous font sortir de notre quotidien pour illuminer notre vie.
Et comme je n’aime pas les frontières, la jonction du Festival du livre et du jazz nous permet de créer de belles rencontres improbables entre des écrivains, des dessinateurs de BD et des musiciens, qui donnent parfois le jour à de nouvelles créations ! Cette année le thème des concours est « Surfer sur les mots ». Il va y avoir des liaisons entre la mer, le surf, l’environnement et l’écriture. Et avec les musiciens de jazz, ils pourront surfer sur des rythmes de jazz créole.
Qu’est-ce qui vous anime pour porter autant d’activités ?
Ce qui m’anime c’est l’envie de partager avec des artistes à l’âme généreuse et humaniste, et de les faire découvrir aux habitants de Saint- Barthélemy. Car le savoir est une force qui nous agrandi et dans cette période de doute sur notre propre civilisation, la culture doit faire en sorte que les gens se sentent bien entre eux. Je pense qu’une société qui nous fait croire qu’il faut consommer pour se réaliser est une société dangereuse et donc j’essaye de faire la balance.
Et votre équipe ?
Je suis entouré de précieux bénévoles que je remercie chaleureusement et sincèrement. Ils méritent notre reconnaissance pour leur engagement désintéressé car les bénévoles sont en voie d’extinction. 8 bénévoles animent le Conseil d’administration de l’association. C’est vraiment une belle équipe qui a bien sûr évolué depuis 22 ans. Je suis assez heureux d’arriver à fédérer une équipe de passionnés qui s’investissent généreusement : Leila, Corinne, Fabienne, Audra, Estelle, Didier, Pauline, Adeline.
Et la suite ?
Nous nous projetons dans la 8ème, 9ème et 10ème édition !!! Nous avons bien sûr envie de développer nos actions pour la culture, mais nous sommes limités par le nombre de bénévoles à mobiliser et les financements. La nouvelle collectivité nous soutient mieux, mais nous espérons que les sociaux professionnels dont les employés et leurs enfants bénéficiant de nos actions prennent conscience que leur soutien est indispensable pour pérenniser la culture en live. Nous attendons avec impatience l’ouverture du Centre Culturel pour lequel je me suis beaucoup investi depuis 2004, d’abord en proposant des projets avec l’architecte Patrick BENABEN et en accompagnant le projet actuel avec Johannes et la collectivité. Celui-ci trouvera toute sa place dans la vie quotidienne des habitants, comme le stade a su trouver la sienne pour le sport ! Si parfois nous pouvons nous décourager face aux difficultés de financements et de logements, nous sommes vite rattrapés par notre passion qui allume les couleurs de la culture en live !