Ombeline enseigne et vit le violon, sa passion dont elle nous livre tous les secrets.
Rien ne prédisposait Ombeline à venir à Saint-Barth. Originaire d’Auvergne, Ombeline était solidement ancrée dans sa vie bien remplie de musicienne, entre ses cours à Tours, ses tournées en France avec Ez3kiel, ses 3 à 4 concerts par se-maine avec son groupe de musique irlan-daise, l’orchestre symphonique d’Orléans et celui du Loir-et-Cher, ses enregistre-ments d’albums, ses déplacements, son réseau d’amis.
Il a suffi d’une rencontre pour que tout bascule… même si cela a mis un an et demi pour que cela se concrétise.
En juillet 2012, Ombeline rencontre Abi-gaelle Leese, présidente de St Barth Har-mony, alors en vacances en Touraine et à la recherche pour ses enfants d’un profes-seur de violon pratiquant la méthode Su-zuki. Le contact étant excellent, Abigaelle invite Ombeline à venir animer un stage de violon d’une semaine à Saint-Barth en avril 2013. Ombeline, qui ne connaissait rien de Saint-Barth, accepte cette propo-sition et est séduite par l’accueil de choix qui lui est réservé, la douceur et beauté de l’île et la gentillesse de tous ceux qu’elle rencontre. L’association St Barth Harmo-ny, en passe de se reconstruire, cherchait un professeur de violon pour seconder Rudy Laplace puis lui succéder. Ombe-line revient alors cinq fois entre 2013 et 2014 pour animer d’autres stages, avant de venir définitivement s’installer en sep-tembre 2014.
Elle franchit le pas, d’une part parce que ses projets musicaux en Métropole ar-rivent à terme (fin de tournées, fin d’en-registrements) et d’autre part et surtout suite à sa rencontre décisive avec Shirley Dern, pianiste avec qui elle noue une très belle amitié et qui nourrit des projets mu-sicaux prometteurs, dont l’idée de relan-cer l’école musicale de St Barth Harmony. Toutes les planètes semblent s’aligner, et Ombeline se décide à venir s’installer à Saint-Barth pour un an. Cinq ans après, elle y est toujours et développe avec assi-duité, talent et détermination les projets musicaux pour Saint-Barth.
Influencée par la passion de son grand-père pour le violon, Ombeline est initiée à l’âge de 3 ans par sa tante qui enseigne le violon avec la méthode Suzuki.
Cette méthode est basée sur le principe de l’apprentissage du langage mater-nel. Elle permet d’apprendre à jouer du violon par la reproduction, l’écoute et le mimétisme. Comme les enfants qui apprennent à parler avant de savoir lire et écrire. Cette méthode permet d’apprendre à jouer par le jeu et l’émotionnel, sans notions intellec-tuelles. L’apprentissage et la transmission se font par l’oral comme pour les musiques dans les cultures traditionnelles.
Depuis ses 3 ans, Ombeline n’a pas ar-rêté son apprentis-sage du violon tout en continuant son cursus scolaire jusqu’au Bac puis à l’université de musicologie à Lyon, Montréal et Lille. Elle passe un master en ethnomusicologie, pas-sionnée par les mu-siques du monde. A 23 ans, elle commence la formation de pro-fesseur Suzuki tout en passant le conserva-toire où elle obtient le diplôme d’étude mu-sical au conservatoire de Montluçon et à Rosny-sous-Bois, puis passe un diplôme de perfectionnement au conservatoire de Cergy-Pontoise.
« Aujourd’hui, j’apprends autant avec mes élèves qu’avec mes professeurs. Mes émotions, mes ressentis nourrissent la musique que je fais. »
Enseignant le violon depuis l’âge de 17 ans, Ombeline est émerveillée de voir ses élèves progresser, jouer, s’épanouir et s’exprimer. « Ce qui m’importe, c’est l’échange humain, la relation avec l’autre. Le violon est un outil pour permettre cet échange, mais cela pourrait être autre chose. La musique est un langage, une ma-nière de communiquer qui enlève les bar-rières de la langue, de la classe sociale. »
Au-delà de l’enseignement, Ombeline est avant tout une musicienne qui s’épanouit en jouant dès que l’occasion se présente en concerts, soirées privées ou mariages, en duo violon violoncelle ou en trio à cordes, ceci dans différents groupes de styles va-riés. Elle a par exemple beaucoup joué cette saison avec Robb Tito, dans une for-mation de 7 musiciens (guitare, basse, per-cussions, voix, saxo, harmonica et violon). Un vrai régal !
Au delà de l’évènementiel, Ombeline ca-resse timidement l’envie de composer, pas seulement pour du violon, et de créer un métissage entre l’électro et les musiques du monde. A suivre …
Depuis ses 5 années à Saint-Barth, Ombe-line a remonté la classe de violon. Avec ses 35 élèves, adultes et enfants, son challenge aujourd’hui est, avec l’association St Barth Harmony, de redonner vie à l’école dont le bâtiment a été détruit par Irma et dont les professeurs sont partis. Pour ce projet de reconstruction de l’école, initié et soutenu par la collectivité, Ombeline souhaite faire appel à de nouveaux enseignants, ouvrir les collaborations avec les îles voisines de la Caraïbe et se donne comme objectif de regrouper 150 à 200 élèves dès que pos-sible. Enfin, elle a l’ambition de former à Saint-Barth un pôle de formation Suzuki pour la Caraïbe et l’Amérique du sud.
Un beau challenge qu’elle réussira sans aucun doute, avec l’aide de tous les amis musiciens de l’île et les bénévoles qui oeuvrent dans l’association St Barth Har-mony.
Claire Richer