Patricia, dite Pati est aussi surprenante que talentueuse. Surprenante de simplicité, sans calcul, se laissant porter par la vie ; talentueuse parce qu’elle réalise de belles choses et provoque l’alchimie des rencontres et des circonstances qui permettent son succès malgré elle.
Pati ne semble n’avoir jamais rien planifié. Bohème dans l’âme et dans sa vie, vivant au jour le jour, ses débuts furent difficiles. C’est avec son talent d’artiste qu’elle réussit, – la surprenant presque-, talent qui est tout de suite reconnu par ceux qu’elle croise sur son chemin et qui lui permettent d’avancer. Car elle est sans aucun doute guidée ou protégée par sa bonne étoile. Retour en quelques lignes sur cette success story improbable.
Rien ne prédisposait Pati à son succès d’aujourd’hui. Dès l’âge de 21 ans elle part faire un tour du monde, sac à dos, pendant 3 ans, vivant de petits boulots.
Elle grandit à Paris, mais mi bretonne, mi antillaise par ses origines, elle vient en Guadeloupe où elle passe 1 an, subvenant à ses besoins avec ses aquarelles qu’elle vend à une galerie.
En août 1983, elle vient en visite à Saint-Barthélemy, presque par hasard, pour faire un break. Elle plante sa tente de camping à Grand Fond, avant de se faire chasser par la police , le camping étant interdit à Saint-Barth.
Ce sont à nouveau ses aquarelles qui lui permettent de payer sa chambre d’hôtel, au jour le jour. Elle est séduite immédiatement par l’île qu’elle trouve magnifique : « Tout était à faire, c’était génial. Tout le monde se connaissait, s’entraidait. Les gens des bateaux, les baroudeurs faisaient l’île. La vie était simple, belle et conviviale. »
Très vite ses peintures rencontrent du succès.
« Je me rends compte alors que je peux vivre en faisant ce que j’aime faire : peindre ».
Elle habite sur un bateau pendant quelques mois puis ensuite change plusieurs fois de maison.
Pour se développer, Pati commence à réaliser ses peintures sur des T-shirts. « C’est le succès immédiat ». Ce succès l‘amène à acheter une machine à sérigraphier, pour produire plus. « J’y ai mis toutes mes économies mais c’était un vrai casse-tête ».
Pati décide ensuite de se créer un logo pour signer ses T-shirts. Après plusieurs essais, elle crée en 1989 le logo actuel, le St Barth French West Indies « Je voulais quelque chose de simple, facile à retenir et lisible, graphique et qui représente Saint-Barth simplement et qui tienne dans un carré, comme une île posée sur la mer. »
Elle dépose alors le logo et la marque.
Elle imprime jour et nuit dans un petit garage, sur des T-shirts achetés localement, puis à Saint-Martin.
« Nous avons eu beaucoup d’aventures, notamment quand le bateau de Saint- Martin a coulé avec la marchandise ! … » dit-elle en se remémorant cette période inédite.
Ensuite il y a eu la série des T-shirts noirs. « J’achetais la teinture et louais les machines de Ginette à l’Anse des Cayes pour teinter. Comme je n’avais pas assez de teinture, mes T-shirts allaient du gris foncé au gris clair. Et contrairement à toute attente, ce dégradé involontaire a énormément plu. Cela leur donnait un caractère de pièce unique. »
Depuis, sa collection n’a cessé d’évoluer, ses lieux de travail et de vente aussi. Elle est passée du petit garage à Colombier à trois boutiques (Gustavia, Saint-Jean et l’Aéroport). Aujourd’hui ses vêtements sont fabriqués au Portugal pour le coton, le lin et l’éponge, le voile de coton en Inde et en Turquie, les paréos en Indonésie et au Pérou avec le Pima coton, qui pousse écologiquement dans les Andes.
Récolté à la main, il est fin, solide, doux et hypoallergenique. « Notre choix de fournisseurs se fait sur la qualité des matières et le savoir faire. Nous aimons développer une relation confiante et fidèle avec nos partenaires, et nous savons également que les conditions de travail y sont correctes ».
Son mari la rejoint dans l’aventure en 1998, s’occupant de la gestion et du développement, et l’épaule efficacement dans le développement de leur success story.
Pati participe à des pop-up stores, notamment à New York, mais sans jamais vouloir ouvrir d’autres points vente, pour laisser l’exclusivité à Saint-Barth.
« J’ai beaucoup travaillé. Quand le logo a eu du succès, j’imprimais tout le temps, jour et nuit. Les clients venaient dans le garage pour avoir leur tee-shirt. Je me souviens que les revendeurs arrivaient le soir, attendaient que je produise et repartaient avec leur stock ».
Aujourd’hui, je continue à peindre mes aquarelles et des peintures acryliques sur toile, à faire des photos, à imaginer mes modèles. Cette île, malgré les nombreux changements, m’inspire plus que jamais, on y trouve une ambiance et une aura unique et je souhaite m’y exprimer en me consacrant de plus en plus à ma peinture.
« Ma devise est de ne pas avoir de devise, car les choses changent tout le temps. ».
Très belle confiance dans la vie. Et très beau succès. Bravo Pati !