En septembre dernier, trois jours ont été consacrés au suivi de la Réserve Naturelle au sein de l’Agence Territoriale de l’Environnement. Effectués depuis 2007, ces suivis ont lieu chaque année à Saint Barthélemy.
De quoi s’agit-il ?
Les missions principales d’une Réserve Naturelle sont la préservation de sites exceptionnels, la protection de la biodiversité et la conservation d’habitats rares ou menacés à l’échelle nationale. Pour cela, chaque réserve naturelle dispose d’un plan de gestion qui définit les axes concrets pour mener à bien cette mission de préservation.
Le suivi de la Réserve s’inscrit pleinement dans cette optique. Il permet d’avoir une évolution du niveau de santé des milieux qui s’y trouvent, soit localement, le récif corallien et l’herbier marin.
Comment ce suivi est réalisé ?
L’Agence Territoriale de l’Environnement travaille avec le bureau d’étude Créocean, plus précisément leur agence basée en Guadeloupe, qui effectue des diagnostics et expertises dans le milieu marin des Antilles françaises. Plusieurs plongées sont organisées en compagnie des membres de l’ATE et de ceux des réserves voisines (nous avons eu le plaisir d’accueillir un membre de la Réserve Naturelle de Saint Martin et un autre de la Réserve de Petite Terre pour notre dernier suivi) pour recueillir des données qui permettront d’établir l’état de santé des sites.
Pendant plusieurs jours, des sites précis sont étudiés : le site du Bœuf (hors réserve), le site de Colombier (en réserve), et le site de Pointe Milou (Site réglementé pour restauration corallienne) d’une part.
Dans ces zones, le suivi va se concentrer sur le benthos, à savoir la nature de ce qui recouvre les fonds marins (coraux, algues, éponges, roche nue, débris, corail mort, sable, vase) dont les plongeurs doivent faire un relevé aussi précis que possible tous les 20cm, pendant 60m.
Ces 60m (6 lignes de 10m), appelés transects, suivent des itinéraires précis qui ont été établis en amont et ne changent pas au fil des années, pour comparer l’évolution sur les mêmes emplacements.
En plus du relevé des fonds marins, un relevé du peuplement icthyologique (de la densité de poissons) a lieu sur 6 transects de 25m. Pour cela, il faut noter l’espèce, l’abondance et la taille des poissons observés.
D’autre part, la seconde partie du suivi se concentre sur les sites de Bonhomme (site hors réserve étudié depuis 2021) et de Petit Cul-de-sac (site en réserve étudié depuis 2018). L’intérêt se porte alors sur les herbiers marins dont l’état de santé est évalué selon plusieurs critères : l’épibiose (à savoir si une espèce est fixée sur l’herbier), le relief de l’herbier et la présence d’algues majoritairement.
Les transects font alors 50m de long sur 2m de large. La présence de la faune marine comme les oursins, nacres, étoiles de mer, holothuries et lambis est également relevée pour apporter des indications supplémentaires sur l’état du milieu.
Quel est l’intérêt de ces suivis ?
Les données récoltées sont précieusement examinées et comparées aux années antérieures, donnant à voir une tendance ou une régularité dans les milieux étudiés.
Les tendances issues des données de ces suivis permettent de donner une idée de l’état de santé des sites observés, d’en tirer des conclusions et de pouvoir proposer des actions si une dégradation est constatée.
Ces suivis permettent également de comparer des sites en réserve Naturelle et des sites qui ne sont pas protégés par la réserve. Cette comparaison a jusqu’ici toujours mis en avant la meilleure santé d’un site protégé, que l’on appelle “l’effet réserve”. Un argument supplémentaire pour asseoir l’importance de notre réserve et continuer d’y faire évoluer la réglementation pour accentuer la préservation de ces sites.